Les
connaissances de quelques notions élémentaires relatives à la physiologie de
l'effort est nécessaire pour permettre la compréhension et la mise en place de
situations de terrain.
Nous
allons donc essayer de définir de la façon la plus simple possible, mais sans
toutefois dénaturer le sujet, les différentes filières énergétiques. Le lecteur
prendra soin d'approfondir par lui-même ces notions en se référant à
l'abondante littérature ayant trait à la physiologie de l'effort.
Il
nous est arrivé d'entendre, cela perdure encore de nos jours, les termes de
vitesse, de résistance et d'endurance.
Les
notions se rapportant à cette terminologie restant par ailleurs dans le domaine
du flou artistique...
Pour
aider à la compréhension du sujet nous allons dresser quelques tableaux qui
seront bien plus parlants que la meilleure des explications.
Le
tableau suivant propose un parallèle entre l'ancienne et l'actuelle terminologie.
Terminologie
ancienne |
Terminologie nouvelle |
Vitesse |
Anaérobie alactique |
Résistance intensité |
Anaérobie lactique |
Résistance récupération |
Anaérobie lactique |
Résistance volume |
Puissance aérobie |
Endurance |
Capacité aérobie |
La
contraction musculaire s'effectue par l'apport de ressources énergétiques plus
simplement dénommées substrats.
Comme
toutes les autres cellules vivantes, les cellules musculaires se servent de
l'énergie en provenance des substrats et de l'oxygène pour fabriquer un
carburant des plus raffiné, l'A.T.P. (adénosine triphosphate) et le transformer
de facto en un autre type d'énergie.
Ce
phénomène représente ce qu'il est convenu de nommer "bioénergétique".
Lors
de la contraction musculaire, cette ressource énergétique va très vite
s'épuiser; l'organisme devra s'employer à sa reproduction.
Les
trois mécanismes mis en jeu à cette occasion ont pour nom les
"filières".
1) la filière anaérobie (production
possible A.T.P. en l'absence d'oxygène)
a) Le processus
anaérobie alactique
Reposant sur:
- La transformation
d'ATP en ADP (Adénosine diphasphate),
- La resynthèse de l'ATP par la consommation des réserves de
créatine phosphate, ces dernières se trouvant à l'état de réserve
intramusculaire. Ce mécanisme ne produit aucun déchet (en particulier d'acide
lactique), d'où sa dénomination
b) Le processus anaérobie lactique
Dès que les réserves en créatine phosphate se trouvent épuisées, les muscle va rechercher
l'énergie nécessaire à sa contraction dans la transformation du glycogène en
lactates. Ce dernier, tout en produisant de l'énergie, permettra la resynthèse des réserves de créatine phosphate.
Principal inconvénient de ce
mécanisme, cette resynthèse entraîne une production
d'acide lactique relativement proportionnelle à l'intensité de l'effort
effectué.
Au final, si l'intensité est trop
élevée, l'accumulation d'acide lactique en quantité très importante, interdira
la resynthèse du glycogène, perturbant le glissement
des filaments d'actine et de myosine, conduisant à l'arrêt de l'activité.
2) la filière aérobie (qui utilise
l'oxygène comme carburant)
Si l'effort fourni est d'intensité
modérée, la production d'acide lactique sera moindre, voire nulle; une partie
du glycogène se transformera alors en acide pyruvique et évoluera par la suite
dans une cycle de réactions (cycle de Krebs) où, avec
la complicité de l'oxygène, il sera resynthétisé.
En opposition aux deux mécanismes de
production énergétique cités ci-dessus, la filière aérobie n'autorise pas
l'accomplissement d'un effort à intensité élevée mais, à contrario, peut
perdurer dans le temps. La plupart des efforts accomplis dans la vie de chaque
jour le sont dans la filière aérobie.
Il est cependant important de noter
que ces trois mécanismes coexistent lors de toute contraction musculaire mais
ont chacun une part prépondérante en fonction des paramètres d'intensité et de
durée relatifs à l'effort effectué.
En observant ou en quantifiant un
effort sous ses composantes de durée et d'intensité, nous allons pouvoir
déterminer dans quelle filière évolue le joueur.
S'il est relativement aisé de situer
l'action individuelle au regard d'une filière, il est pratiquement impossible
de situer l'action collective.
Cette difficulté nous conduira à
déterminer une option de travail dans l'élaboration des actions en préparation
physique; nous reviendrons sur cet aspect plus tard.
Filière |
Source d'énergie |
Intensité de l'effort |
Durée de l'effort à intensité optimale |
Anaérobie alactique |
ATP (Réserve intramusculaire) Créatine phosphate |
Surmaximale |
1'' à 9 '' |
Anaérobie lactique |
Glycogène |
Maximale |
10'' à 2 ' |
Aérobie |
Glycogène, graisses |
Submaximale |
x heures |
Nous ne répéterons jamais assez
combien sont important les facteurs durée et intensité dans la détermination
des filières énergétiques.
En examinant de plus près la pratique
du football et notamment le match de football, nous pouvons percevoir dans
quelles filières prioritaires évolue le joueur.
Nous allons examiner les actions qui
concernent le joueur et son évolution dans le jeu. Il ne s'agit pas d'une
évaluation sur le collectif !
1) la filière anaérobie a lactique
Intensité sur maximale (c'est à
dessins que nous employons ce terme, il évoque à lui seul l'amplitude de
vitesse) pour une durée d'une à neuf secondes.
Les actions concernées: les duels, les
courses d'un à soixante-dix mètres, les touches, etc. Toute action(à
motricité football ou non) effectuée de manière très rapide et, par voie de
conséquence, souvent sur un petit espace.
Ce type d'action ,
en constant augmentation lors des rencontres, est, de plus , la plupart du
temps, déterminant quant à la performance.
2) la filière anaérobie lactique
Intensité maximale pour une durée
allant d'à peu près dix secondes à deux minutes.
Il peut s'agir de courses supérieures
à quatre-vingt mètres ou d'actions durant lesquelles le joueur peut être
impliqué de dix secondes à deux minutes.
Actions concernées: les enchaînements
de mouvements offensifs et défensifs
3) la filière aérobie
Elle concerne la totalité du jeu, mais
dans les mouvements à allure modérée.
Les actions concernées sont les
déplacements en footing, les courses de remplacement ,
les instants de marche (placement sur coups francs), etc.
Il est important de noter que le temps
de récupération et l'activité consacrés à la récupération entre deux efforts
permettront de se maintenir dans une filière ou d'en intégrer une autre.
Si, à l'entraînement, c'est le coach
qui décide des temps de récupération, il en va tout autrement en match où c'est
le jeu qui décide; là, le collectif n'est pas l'unique maître à bord.
Il n'est cependant pas impossible
d'imaginer qu'une grande maîtrise du jeu passe par la gestion de temps forts et
de temps faibles, mais il s'agit là d'une tout autre histoire...
La structure anatomique d'un muscle
est composée d'un ensemble de fibres musculaires. Ces dernières ont des
caractéristiques hétérogènes qui font qu'elles ne possèdent pas la même
potentialité d'utilisation de l'A.T.P.
Le travail dans l'une ou l'autre des
filières induira donc la sollicitation d'une typologie particulière de fibres
afférente à la filière concernée.
Les fibres musculaires ont été
classées selon une typologie tripartite.
Les fibres à contraction lente, dites
de type I, à métabolisme aérobie; les fibres à contraction rapide, dites de
type II, qui se subdivisent en type II a, mixtes, à métabolisme aérobie et
anaérobie et les fibres de type II b, à métabolisme anaérobie.
Comme nous l'avons déjà évoqué
précédemment, leur recrutement sélectif se fait à partir de l'entraînement de
l'une ou l'autre des filières énergétiques.
Le tableau suivant indique les
caractéristiques des différentes fibres et la relation étroite entre le type
d'effort effectué et les fibres recrutées.
Fibres |
Caractéristiques |
Métabolisme |
Recrutement nerveux |
Fatigabilité |
I |
Lentes |
Aérobie |
Léger |
Légère |
II a |
Rapides |
Aérobie Anaérobie |
Modéré |
Moyenne |
II
b |
Rapides |
Anaérobie |
Maximum |
Importante |
Pour être plus complet, nous ne
pouvions clore ce chapitre sans parler des différents régimes de contraction
musculaire.
Le mécanisme du mouvement fait
intervenir trois types de contraction musculaire que nous allons essayer de
définir succinctement.
Exemples d'actions des trois régimes
de contraction sur un mouvement unitaire.
1) la contraction de type "isométrique".
Lors de ce type de contraction, le muscle se contracte sans qu'il y ait de déplacement des insertions.
2) La contraction de type "concentrique".
Le muscle se contracte avec un rapprochement des insertions. Ce type de contraction correspond à l'idée classique du mouvement de musculation (je pousse, je soulève).
3) la contraction de type "excentrique".
Le muscle se contracte avec éloignement des insertions.
Vous vous apercevrez tout de suite que
la filière aérobie concerne le soutien logistique des filières anaérobies.
Ce sont cependant ces dernières qui
devront être intégrées, et surtout la filières
anaérobie a lactique, si l'on veut agir de façon efficace sur le
"résultat".
Il conviendra donc, sans faire
abstraction de la filière aérobie, de développer en priorité les qualités de
vitesse et de vivacité du joueur en intégrant la motricité spécifique à
l'activité.